Eléments de terminologie (1)

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Nous avons regroupé ici déjà quelques notions et définitions utiles. Mais on pourra aussi se référer à quelques glossaires linguistiques en ligne

et à des dictionnaires de linguistique "papier" pour plus de détail : Jean Dubois et al., Dictionnaire de Linguistique (Larousse), Georges Mounin : Dictionnaire de la linguistique (PUF), Crystal, David : Dictionary of Linguistics and Phonetics (Oxford, Blackwell Publishers) (dictionnaire en anglais), mais également (toutefois plus pour la linguistique française et sa terminologie propre) à Arrivé, Michel, Gadet, Françoise, Galmiche, Michel La grammaire d’aujourd’hui. Guide alphabétique de linguistique française (Flammarion).

A

Adjectif

"On appelle adjectifs une classe de mots qui s'"ajoutent" (lat. adjicere) au nom, pouvant le précéder ou le suivre immédiatement, et n'ayant de fonction que par rapport à lui." (Bonnard, Code du français courant)

Adverbe

L'adverbe est un mot invariable (caractéristique qu'il partage avec d'autres mots de la langue, comme par exemple les prépositions), mais on doit dire aussi qu'il est intransitif (c'est-à-dire qu'il n'accepte pas de compléments) et dépendant (il détermine une autre catégorie). On classe surtout les adverbes en fonction de leurs propriétés syntaxiques.

Amplification

On retiendra ici la définition très complète, de G. Molinié, dans son Dictionnaire de rhétorique :
"L'amplification peut être effectivement envisagée sous plusieurs points de vue. Comme base figurée, on se reportera aux principales figures macrostructurales énumérées dans la liste des renvois en fin de cet article. Comme qualité du style, elle définit le principe essentiel de l'abondance ; elle est ainsi le moteur du style asian et d'un certain grand style. Elle constitue enfin le modèle de nombreux exercicesou développements, comme la spécification."

Aspect (vers une définition de l')

Le verbe est […] en français comme en beaucoup d'autres langues, la classe qui donne, par des différences morphologiques, des indications relatives au temps. Ces indications sont de deux ordres : a) Le procès est situé par rapport à un repère temporel, par exemple le moment de l'énonciation, ou un point fixé dans le passé ou l'avenir : "Hier je me suis reposé ; aujourd'hui, je travaille à mon roman ; demain je préparerai mes cours dès que Françoise sera partie."
b) Le procès en lui-même, indépendamment du repère temporel par rapport auquel on le situe, prend du temps (plus ou moins, mais toujours un peu) pour se réaliser. Il est d'autre part affecté de façon variable par le temps qui s'écoule depuis le début de sa réalisation. Ces deux phénomènes apparaissent clairement dans les trois phrases de l'énoncé suivant : "J'ai longtemps marché. Finalement je suis arrivé à Tombouctou. J'y vis depuis six mois."
Les indications du type décrit en a) sont données par les variations qui relèvent du temps (au sens linguistique du mot). Les indications du type décrit en b) sont données par les variations qui relèvent de l'aspect.
Selon les langues, les variations morphologiques en temps et en aspect sont séparées ou conjointes…. Dans certains langues, elles les variations en temps et en aspect sont le fait du lexique ou de structures syntaxiques spécifiques.

B

Bruit

En théorie de la communication, on appelle bruit tout ce qui fait perdre de l'information ; toute gêne dans le circuit communiquant constitue du bruit : cela peut être aussi bien un "bruit" physique extérieur, qu'un défaut de transmission du fait du canal, un instant de distraction du récepteur qui ne le laisse pas disponible pour recevoir le message, etc.

C

Clitiques

On donne parfois le nom de "clitiques" aux formes atones des pronoms français : je, me, te...

Contexte

Depuis longtemps, les linguistes ont proposé d'opposer la situation de discours (données extra-linguistiques) au contexte linguistique. Ainsi on pourrait considérer comme faits de situation l'âge et le sexe du locuteur, ses relations avec l'interlocuteur, etc. qui peuvent permettre de donner une signification plus exacte au message ; on appelle "contexte" l'environnement linguistique d'une phrase donnée. Ainsi dans "Pierre est un garçon charmant . Il n'oublie jamais d'envoyer ses voeux à sa grand-mère en début d'année", " Pierre est un garçon charmant "sert de contexte à "Il n'oublie jamais d'envoyer ses voeux à sa grand-mère en début d'année.", et donne d'ailleurs notamment sens à "il" en précisant quel est le référent de ce pronom, etc. On peut déjà deviner le lien qu'il peut y avoir entre contexte et situation, le contexte étant l'explicitation partielle de faits situationnels. Labov, un linguiste américain, parlait de contexte linguistique et contexte extralinguistique pour ; ce qui obligeait à préciser chaque fois de quel "contexte" on parlait. Dans ces conditions, depuis quelques années, on a pris la l'habitude (surtout en littérature) d'appeler "cotexte" le contexte linguistique, et contexte la "situation de discours". On fera très attention à ces points terminologiques.

D

Diachronie

L'étude de la langue en diachronie considère la langue dans son évolution historique, et s'oppose à la description d'un état de langue à un moment donné (synchronie).

Discours direct / Discours indirect

Comme le souligne D. Maingueneau (Eléments de linguistique pour le texte littéraire), la stratégie du discours indirect est tout à fait différente de celle du discours direct : "Alors que le discours direct est censé répéter les mots d'un autre acte d'énonciation et dissocie deux systèmes énonciatifs, le discours indirect n'est discours rapporté que par son sens, il constitue une traduction de l'énonciation citée. D'un point de vue syntaxique, rien ne permet en effet de distinguer Paul dit que Jean dort de Paul voit que Jean dort : dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de complétives objet direct et c'est le sens du verbe dire qui permet de repérer la citation. Comme le discours indirect ne reproduit pas un signifiant mais donne un équivalent sémantique intégré à l'énonciation citante, il n'implique qu'un seul "locuteur", lequel prend en charge l'ensemble de l'énonciation." (p. 97).

Dans le discours direct, le locuteur est censé rapporté fidèlement les propos d'un autre locuteur, mais le signifiant exact comme le signifié du discours rapporté peuvent être changés - parfois considérablement - par le locuteur qui l'a pris en charge. Même s'il reprend en principe le signifiant assez exactement, la signification du discours rapporté peut être changée par divers éléments (intonation, découpage), et souvent du fait d'une mise en contexte particulière qui peut "détourner" le sens d'un texte.

L'opposition discours direct / discours indirect est particulièrement intéressante à étudier par rapport aux embrayeurs de discours que sont notamment les pronoms (mais les "temps" de verbe peuvent aussi être modifiés). Comparer :

"Il m'a dit : "je viens" / "Il m'a dit qu'il venait."

Pour une analyse fine du "discours indirect libre" et de l'emboîtement des discours, on se reportera à D. Maingueneau, Eléments de linguistique pour le texte littéraire, pp. 103-115.

E

Editeur

Ce mot a au moins deux sens que l'on veillera à ne pas confondre.

Ces deux types de tâches sont extrêmement différentes, et ne sont pas accomplies par la même personne (elles correspondent à des spécialités professionnelles très différentes), mais une certaine connaissance des tâches matérielles n'est pas inutile à l'éditeur scientifique qui doit tenir compte des contraintes éditoriales futures.

On viendra quand il y a ambiguïté potentielle à préciser "éditeur scientifique" et "éditeur commercial".

Embrayeur

Le mot embrayeur est utilisé avec des acceptions un peu différentes selon les théories linguistiques. Il est la traduction proposée pour "Shifter" en anglais. Le plus généralement il sert à désigner ces éléments d'un texte qui rattachent le message à la situation : éléments grammaticaux présents dans le discours qui ne sont interprétables qu'en situation ; il s'agit donc d'éléments dont le sens varie avec la situation comme par exemple les pronoms "je" et "tu", certaines marques de temps, de mode, certains adverbes à valeur temporelle ou locative, mais valeur toujours "relative" : hier, ici, etc. ; ces mots, ne prennent leur sens véritable que par rapport au locuteur (je) et par rapport au moment et au lieu où il s'exprime ; pour un autre moment d'énonciation, la valeur changera : ce ne sera pas la même personne qui dira "je", et son "ici" ne sera pas le même.

Ce terme d'embrayeur que certains linguistes assimilent parfois au mot "déictique", peut malgré tout, pour d'autres linguistes, être appliqué aussi aux éléments de situation rapportés dans le contexte, et c'est pourquoi il peut être plus largement utilisé : "la veille", "là" ou "il", ou encore les marqueurs de temps, dans un récit, expriment certes au "style indirect" des notions de personne, de temps ou de lieu, mais le contexte étant expression de la situation d'énonciation décalée, qui n'est accessible au lecteur qu'à travers une narration, un récit, on peut parler d'embrayeurs par rapport au contexte pour les pronoms anaphoriques ou les adverbes ou locutions adverbiales qui se chargent de significations précises uniquement dans un contexte donné.

Suite.

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