Ecrivains

A B C D E F G H I J K L M N O P R S T U V W Y Z

A

Apollinaire, Guillaume (1880-1918)

Le site officiel d'Apollinaire comporte portraits, textes, chronologie, etc. On peut même entendre le poète réciter "Le Pont Mirabeau". On se reportera au site pour mieux connaître Apollinaire.

B

Balzac, Honoré de (1799-1850)

Né en 1799 à Tours, Honoré de Balzac fut un élève ordinaire. Il étudia au Collège de Vendôme, puis à la Sorbonne. En 1819 il annonce vouloir être un écrivain. Il commence à écrire des romans, sous des pseudonymes, sans connaître encore le succès, et il demeure ignoré du grand public. A partir toutefois de 1830, il commence à être remarqué, et il conçoit de réunir ses anciens romans et ceux qu'il écrit désormais dans la perspective de rendre compte de la totalité de la société. Cet ensemble deviendra La Comédie humaine. Avec quatre-vingt onze romans et plus de deux mille personnages, dont certains devenus des légendes littéraires, comme le Père Goriot, Rastignac ou César Birotteau, Balzac a construit une œuvre, qui reconstitue un demi-siècle de notre histoire, de la Restauration à la Monarchie de Juillet, embrassant toute une société dans son fourmillement humain, la multiplicité de ses lieux et de ses milieux, et l'enchevêtrement de ses détails matériels. On site toujours parmi tous ces romans Le Père Goriot, Les Illusions perdues, Eugénie Grandet, La cousine Bette...

On pourra trouver de nombreux sites sur Balzac ; notamment on pourra trouver plus de détails sur sa vie, et une liste sélective mais riche de ses romans en cliquant ici.

Bobin, Christian (né en 1951)

Christian Bobin est un grand solitaire, qui se livre peu. Mais un grand auteur dont on aime savourer les textes et les courtes phrases. Les indications biographiques qu'il livre sont bien peu de choses, et de peu d'importance : il suffit de lire son oeuvre. Né au Creusot, en Bourgogne, de parents ouvriers, dit-on. Il vit toujours en Bourgogne, solitaire, retiré... Après des études de philosophie, il a exercé divers métiers, dans des bibliothèques, des musées, des librairies. Le premier texte qui l'a fait connaître, est un livre consacré à Saint François d'Assises, Le Très-Bas, qui a obtenu le Prix des Deux Magots... Depuis, Bobin a livré plusieurs ouvrages : c'est là qu'il parle le plus de lui-même, à travers un style épuré, où il évoque ses tout petits plaisirs, sa joie, mais aussi ses plus grandes douleurs. Une citation exemplaire qui dévoile parfaitement sa personne : "J’ai assez vite compris que le langage n’est rien s’il n’est pas lumière." (La lumière du monde).

Boileau, Nicolas (1636-1711)

Nicolas Boileau, homme de lettres français, fut le principal théoricien de l'esthétique classique.
Né à Paris le 1er novembre 1636, Nicolas Boileau était le quinzième enfant d'une famille bourgeoise. Orphelin de mère, il fut élevé par son père, qui occupait la fonction de greffier au parlement; lui-même étudia la théologie, puis le droit, et devint avocat en 1656. Issu d'une longue lignée de juristes, Nicolas Boileau ne se sentait pourtant aucun goût pour la carrière juridique. Dès 1657, à la mort de son père, l'héritage qu'il reçut lui permit de se consacrer à la poésie. Il avait déjà écrit des vers, et introduit dans des cercles mondains, il put faire ses premières armes en littérature.

Il s'illustra d'abord dans le genre satirique: ses premières Satires (I à VII), composées de 1657 à 1665, furent publiées en 1666. Il y attaquait les gens en vue dans la société de son temps souvent des auteurs, qu'il considérait comme ses concurrents ; et s'attira par sa verve à la fois le succès et l'inimitié. Les livres VIII et IX des Satires parurent en 1668. Dès 1669, cependant, Boileau évolua, sans doute sous l'influence des milieux qu'il fréquentait. Renonçant à la satire, il se mit alors à travailler à la composition d'un Art poétique, inspiré d'Horace. Cet ouvrage fut publié en 1674, la même année que les Épîtres (I à IV), que le Lutrin (chantsI à IV), poème héroïcomique parodiant la tragédie et l'épopée, et que le Traité du Sublime, qui était la traduction d'un ouvrage de rhétorique attribué à Longin.
Ces années d'intense production littéraire furent couronnées par la reconnaissance officielle : en 1677, Boileau reçut, avec Racine, la charge honorifique et très lucrative d'historiographe du roi puis, en 1684, il fut élu à l'Académie française. Entre-temps, il avait publié les Épîtres VI à IX (1683), et les chants V et VI du Lutrin (1683). Parvenu au sommet des honneurs, Boileau devint également le chef de file des Anciens dans la célèbre querelle des Anciens et des Modernes qui l'opposa au Moderne Charles Perrault, de 1687 à 1694. Opposé aux thèses de Perrault, qui prétendait que le siècle de Louis XIV était supérieur à celui d'Auguste en matière littéraire, Boileau défendit âprement les écrivains de l'Antiquité, qu'il considérait comme des modèles indépassables. Au cours de cette querelle, il donna tout d'abord deux épigrammes injurieuses en réponse au poème de Perrault intitulé "le Siècle de Louis le Grand" (1687). En 1693, il composa l'"Ode pindarique sur la prise de Namure, accompagnée d'un "Discours sur l'Ode", qui développait sa doctrine de l'imitation ainsi que ses arguments pour affirmer la supériorité des Anciens. À ces textes s'ajoutèrent, en 1694, les Réflexions sur Longin et la dixième Satire, «Contre les femmes», où il accusait celles-ci de soutenir le parti des Modernes. Boileau et Perrault se réconcilièrent pourtant en 1694, grâce à l'entremise d'Antoine Arnauld.
La dernière Épître, «Sur l'amour de Dieu» (1698), de Boileau, d'inspiration janséniste, attaquait les jésuites, leur reprochant leur casuistique, quarante ans après Pascal. Contrairement à une idée répandue, Boileau ne fut pas à proprement parler le chef de file et le censeur du classicisme: nettement plus jeune que Corneille, Molière ou La Fontaine et contemporain de Racine, il publia son Art poétique un an après la mort de l'auteur du Misanthrope, six ans après la publication du premier recueil des Fables, et à un moment où Racine avait déjà écrit la majorité de ses pièces. L'Art poétique ne fut donc pas, pour les contemporains, un ouvrage normatif, puisqu'il n'a pu influencer que la création des auteurs du XVIIIe siècle. Cet ouvrage, le plus célèbre de Boileau, est en revanche une excellente description des principes mis en pratique par les écrivains classiques. Justesse, clarté et naturel de l'expression, pureté de la langue, économie des moyens sont les principales valeurs esthétiques du classicisme, qui accorde par ailleurs une part importante au travail dans la création littéraire («vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage», Art Poétique, chant I), même si Boileau ne nie pas tout ce que la réussite littéraire doit à l'inspiration.
Nicolas Boileau mourut le 13 mars 1711, à Paris.

C

Cheng, François (né en 1929)

Né en Chine en 1929, issu d’une famille de lettrés, François Cheng a fait des études universitaires à Nankin, puis s'est installé définitivement en France en 1949 où il a poursuivi des études à la Sorbonne et à l’École pratique des Hautes Études, rapidement nommé alors professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Cheng est poète, traducteur, mais aussi romancier, comme le manifeste tout particulièrement son dernier roman (2002), L'éternité n'est pas de trop qui faisait suite au Dit de Tyanyi (1998), premier roman pour lequel il avait reçu le Prix Femina.

"Son œuvre, déjà traduite dans plusieurs pays, est l’aboutissement d’un double itinéraire intérieur : assumer son passé et la meilleure part de sa culture d’origine, et s’initier à la meilleure part de la culture occidentale à travers l’expérience de l’exil." (présentation sur le site de l'Académie française. François Cheng a écrit de nombreuses études sur la poésie et l'art de la Chine et il fut d'abord connu comme poète, avant d'écrire son premier roman.

François Cheng a reçu le Grand prix de la Francophonie de l'Académie française en 2001 pour l'ensemble de son œuvre. Il a été élu à l'Académie française, le 13 juin 2002.

Dans Le dialogue (Desclée de Brouwer, 2002), F. Cheng raconte son expérience d'extraordinaire bilingue, puisqu'il est un grand écrivain français, analyse la question du contact des langues, celle de la traduction, entre "deux langues complexes, que communément on qualifie de "grandes", chargées qu'elles sont d'histoire et de culture. Et surtout, deux langues de nature si différente qu'elles creusent entre elles le plus grand écart qu'on puisse imaginer..."

Constant, Benjamin (1767-1830)

Homme politique et écrivain français, mais d’origine suisse (il est né à Lausanne), Benjamin Constant, après une éducation en Allemagne et en Écosse, mena une « vie errante et décousue », selon ses propres termes, avant de s’attacher à Mme de Staël avec qui il eut une liaison orageuse (de 1794 à 1808) parallèlement à deux mariages successifs. Ces orages sentimentaux constituent la matière de ses deux romans, Cécile et Adolphe.

Désireux, par ailleurs, de jouer un grand rôle politique, Benjamin Constant manifesta son hostilité à Napoléon et il devint le chef du parti libéral sous la Restauration, acquérant par ses talents de pamphlétaire une immense popularité.

Son étude inachevée, De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements, écrite entre 1824 et 1830, lui a valu moins de célébrité littéraire que ses romans ou sa Correspondance et ses Journaux intimes, ou encore /e Cahier rouge (récit autobiographique). B. Constant manifeste une extrême subtilité dans l’analyse psychologique et une grande maîtrise stylistique pour dépeindre ce que M. Barrès dépeint comme un "mélange d’égoïsme et de sensibilité qui se combinait en lui pour son malheur et celui des autres".

D

Duras, Marguerite (1914-1996)

Née en 1914 en Indochine (maintenant Viet-Nam) et morte en 1996, Marguerite Duras a laissé une oeuvre considérable. Un site France-Diplomatiedu Ministère des Affaires Etrangères ("l'indicible, dit-elle") lui est consacré, où l'on trouvera les grandes étapes de son existence, ses oeuvres principales. Mais de nombreux sites web l'évoquent ou évoquent son oeuvre : on suggèrera une recherche systématique sur google.
De fait pour résumer les débuts de sa carrière, on pourra dire que Marguerite Duras (pseudonyme de Marguerite Donnadieu) est née à Gia-Dinh, près de Saïgon en Indochine, en 1914, de parents enseignants partis vivre dans les Colonies françaises. Son père meurt jeune en laissant sa mère avec trois enfants ; celle-ci accepte des postes dangereux dans la brousse pour subvenir aux besoins de sa famille. Plus tard, sa mère achète une petite concession au Cambodge, mais la terre se révèle incultivable. C'est cette jeunesse que Marguerite Duras retracera plus tard dans Un barrage contre le Pacifique.

Marguerite est élevée en pension à Saïgon avant de rentrer en France ; en 1932, elle se fixe à Paris et entreprend des études de droit, de mathématiques et de Sciences politiques. Son premier roman, les Impudents est publié en 1943. Elle écrit désormais sous pseudonyme, estimant qu'"un écrivain ne peut écrire sous le nom du père". Elle épouse Robert Antelme en 1939, puis rencontre en 1942 Dyonis Mascolo, dont elle aura un fils, Jean. Elle écrit en 1950 Un barrage contre le Pacifique et fréquente le Paris intellectuel. Dès lors, elle publie a un rythme soutenu entre autres le Marin de Gibraltar, les Petits Chevaux de Tarquinia (1953), Des journées entières dans les arbres (1954), le Square (1955). C'est avec Moderato Cantabile (1958) et le scénario de Hiroshima mon amour réalisé par Alain Resnais en 1959 que Marguerite Duras s'impose comme une figure majeure de la littérature contemporaine.

Il convient bien sûr encore de citer L'amant, roman qui valut le Goncourt à Marguerite Duras en 1984. Ce roman a été tiré à plusieurs millions d'exemplaires et traduit dans une quarantaine de langues. Ce succès mondial a été encore amplifié par le film de Jean-Jacques Annaud.

E

Echenoz, Jean (né en 1947)

Jean Echenoz, né à Orange en 1947, a fait des études dans diverses villes françaises, notamment Rodez, Lyon, Aix-en-Provence, Paris..., où il vit depuis 1970. Il a publié son premier livre en 1979. À ce jour, il a fait paraître huit romans et reçu une dizaine de prix littéraires, dont le prix Médicis 1983 pour Cherokee et le prix Goncourt 1999 pour Je m'en vais. Au piano, son dernier roman, date de 2003.

Jean Echenoz est l'un des écrivains qui a participé à la nouvelle traduction de la Bible dirigée par Frédéric Boyer (Ed. Bayard/Médiaspaul.). J. Echenoz a traduit dans l'Ancien Testament le livre de Josué avec Robert David, les livres de Samuel, le prophète Daniel et les livres des Maccabées avec Pierre Debergé ; dans le Nouveau Testament : la lettre à Philémon avec Daniel Marguerat, la lettre de Jacques avec Pierre Debergé et la lettre de Jude avec André Myre.
"Il me fallait servir ce texte dans le sens de la littérature, le rendre accueillant. J'ai été étonné de la main-mise de cette traduction sur ma personne. Dans l'euphorie de la difficulté, il m'est arrivé souvent d'être tenu par ce travail très tard dans la nuit. De tomber de fatigue. Dans mon métier de romancier, je ne travaille jamais la nuit."

On pourra lire une analyse intéressante de Au piano, le dernier roman de Jean Echenoz, dans la revue Lire.

G

Germain, Sylvie (1954-)

Sylvie Germain est née en 1954 à Châteauroux. Après un doctorat de philosophie elle a été enseignante pendant sept ans à l'Ecole française de Prague. En 1985 elle publie Le livre des nuits, puis en 1987 Nuit d'ambre et elle continue en publiant différents romans, essais, nouvelles... Dans son oeuvre l'imaginaire joue un grand rôle, favorisant la transformation du réel en légendes. Son oeuvre se décline volontiers entre nuit et lumière.

K

Kundera, Milan (1929-)

Milan Kundera, romancier et dissident tchèque, qui décrit avec ironie la vie dans le monde communiste et qui devint célèbre grâce à son roman l'Insoutenable Légèreté de l'être est né à Brno, dans une famille de mélomanes. Il a fait ses études à l'université Charles de Prague. Professeur, il a enseigné l'histoire du cinéma à l'Académie de musique et d'art dramatique (1959-1969), puis à l'Institut des hautes études cinématographiques de Prague. Il s'est mis à écrire à la fin des années 1950 et, dès ses premiers textes, dirigea ses attaques ironiques contre le gouvernement tchèque. Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'armée soviétique, en 1968, il perdit son emploi et vit ses ouvrages interdits en raison de ses prises de position politiques. En 1975, il fut enfin autorisé à émigrer vers la France où, jusqu'en 1980, il enseigna la littérature comparée à l'université de Rennes, puis à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. Il a obtenu la nationalité française en 1981.
Son oeuvre permet d'analyser de grands sujets qui occupent la littérature européenne moderne : le rapport entre la littérature et la politique, la force subversive du roman, la problématique des intellectuels en exil, ainsi que celle de l'écrivain face au choix de sa langue littéraire... Ses romans constituent une interrogation sur l'humour, la liberté, l'érotisme et plus généralement sur le destin de la civilisation. Son essai sur le roman (l'Art du roman, 1986)est de fait onstitué de conférences, d'articles et d'entretiens ; il est centré sur les rapports que Kundera entretient avec ses propres romans autant que sur l'art du roman européen en général. Des chapitres remarquables sur Cervantes, Flaubert, Kafka... A lire sans tarder !

M

Mallarmé, Stéphane (1842-1898)

Né en 1842, mort en 1898, Mallarmé a consacré toute sa vie à la poésie. Privé de sa mère à l'âge de cinq ans, Stéphane Mallarmé est mis en pension à dix ans, au lycée de Sens où il achève ses études secondaires. Il part ensuite pour l'Angleterre où il se marie (1863). Il écrit déjà. Il est reçu peu après au certificat d'aptitude à l'enseignement de l'anglais. Enseignant au collège de Tournon, il exerce son métier avec conscience mais est rebuté par la routine de la profession. Il poursuit un idéal poétique élevé, peut-être inaccessible. Hanté par l'Azur, il éprouve une grande souffrance quand, devant la feuille blanche, il se sent incapable d'écrire. En 1886, Mallarmé donne dix poèmes au Parnasse contemporain : les Fenêtres, l'Azur, Brise marine et quelques autres. Il travaille déjà à deux vastes ensembles dont l'élaboration durera dix ans : Hérodiade, drame lyrique qui restera à l'état de fragments, et L'Après-midi d'un Faune, publié en 1876.

Finalement nommé à Paris en 1871, Mallarmé s'installe rue de Rome où il reçoit chaque mardi, à partir de 1880, un groupe croissant d'amis et de disciples. Il continue à publier, mais ses poèmes de l'époque montrent clairement qu'il s'oriente vers l'hermétisme.
Jusque vers 1884, Mallarmé reste un poète peu connu. Mais coup sur coup, Verlaine et Huysmans vont révéler au public lettré son nom et son oeuvre. La jeune école symboliste va le considérer comme son maître. Avec la Prose pour des Esseintes, Mallarmé donne en 1885 une sorte d'art poétique mais vraiment sibyllin. En 1897, il réunit sous le titre de Divagations diverses réflexions sur la nature de la poésie et publie un poème hermétique et déconcertant jusque dans la présentation typographique : Un coup de dés jamais n'abolira le hasard. Mallarmé meurt brusquement en septembre 1898).

R

T

Tournier, Michel (né en 1924)

Auteur contemporain, ayant écrit de très nombreux romans, membre de l'Académie Goncourt, Michel Tournier, qui a publié en 2002 Journal extime dont il justifie le titre comme indiqué ci-dessous, a été l'objet de nombreux écrits et déjà de nombreux sites web : On se contentera ici de renvoyer à la notice écrite par Arlette Bouloumié, professeur à l'Université d'Angers, ou encore à la courte notice le concernant sur le site de l'Académie Goncourt.

On citera comme caractéristique du ton de Michel Tournier (c'est ainsi que commence Journal extime :
"Il y a longtemps que j'ai pris l'habitude de noter non seulement les étapes et incidents de mes voyages, mais les événements petits et grands de ma vie quotidienne, le temps qu'il fait, les métamorphoses de mon jardin, les visites que je reçois, les coups durs et les coups doux du destin. On peut parler de "journal" sans doute, mais il s'agit du contraire d'un "journal intime". J'ai forgé pour le définir le mot "extime". Habitant la campagne depuis près d'un demi-siècle, je vis dans une société d'artisans et de petits paysans peu attentifs à leurs états d'âme. Ce "journal extime" s'apparente au "livre de raison" où les modestes hobereaux de jadis notaient les récoltes, les naissances, les mariages, les décès et les sautes de la météorologie. Je salue au passage Michel Butor qui a, je crois, fait mieux que mon "extime" en opposant l'exploration et l'imploration. la première correspond à un mouvement centrifuge de découvertes et de conquêtes. L'imploration au contraire à un repliement pleurnichard sur nos "petits tas de misérables secrets", comme disait André Malraux." (p. 9)

Il existe par ailleurs un fonds Michel Tournier, mis en place par l'Université d'Angers, qu'on n'omettra pas de consulter pour trouver, notamment une liste importante de travaux, thèses, etc. effectués sur Michel Tournier et son oeuvre.

V

Valéry, Paul (1871-1945)

Né à Sète le 30 octobre 1871, Paul Valéry est mort le 20 juillet 1945. D'ascendance corse par son père et génoise par sa mère, P. Valéry a fait ses études primaires chez les Dominicains et ses études secondaires au lycée de Montpellier. Il renonce à préparer l'Ecole navale qui le tentait à cause de sa passion pour la mer, et il s'inscrit en 1889 à la Faculté de Droit. Passionné déjà de poésie, ses premiers vers sont publiés cette même année dans la Revue maritime de Marseille.
Ami de Gide, disciple de Mallarmé, les vers qu’il écrivit dans ces années-là s’inscrivent tout naturellement, dans la mouvance symboliste.
Ayant obtenu sa licence de droit, il s’installa, en 1894, à Paris, où il obtint un poste de rédacteur au ministère de la Guerre : il s'agit là d'une période de long silence poétique : À la suite d’une grave crise morale et sentimentale, le jeune homme, en effet, décidait de renoncer à l’écriture poétique pour mieux se consacrer à la connaissance de soi et du monde (c'est l'époque où il écrit les Cahiers qui ne seront publiés qu'après sa mort.

En 1900, Paul Valéry épousait Jeannine Gobillard, dont il aurait trois enfants.Ce n’est qu’en 1917 que, sous l’influence de Gide notamment, il revint à la poésie, avec la publication chez Gallimard de La Jeune Parque, dont le succès fut immédiat et annonçait celui des autres grands poèmes (Le Cimetière marin, en 1920) ou recueils poétiques (Charmes, en 1922).
Influencé par Mallarmé, Paul Valéry privilégia toujours, dans ses recherches poétiques, la maîtrise de la forme sur le sens et l’inspiration. Quête de la « poésie pure », son œuvre se confond avec une réflexion sur le langage, vecteur entre l’esprit et le monde qui l’entoure, instrument de connaissance pour la conscience. C’est ainsi que ces interrogations sur le savoir se nourrirent chez le poète de la fréquentation de l’univers scientifique : lecteur de Bergson, d’Einstein, de Louis de Broglie et Langevin, Paul Valéry devait devenir en 1935 membre de l’Académie des Sciences de Lisbonne.
Après la Première Guerre mondiale, la célébrité devait peu à peu élever Paul Valéry au rang de « poète d’État ». Il multiplia dans les années 1920 et 1930 les conférences, voyages officiels et communications de toute sorte, tandis que pleuvaient sur lui les honneurs ; en 1924 , il remplaçait Anatole France à la présidence du Pen Club français, et devait encore lui succéder à l’Académie française où il fut élu le 19 novembre 1925, par 17 voix au quatrième tour.
En 1932, Paul Valéry devint membre du conseil des musées nationaux ; en 1933, il fut nommé administrateur du centre universitaire méditerranéen à Nice ; en 1936, il fut désigné président de la commission de synthèse de la coopération culturelle pour l’exposition universelle ; en 1937, on lui attribua la chaire de poétique au Collège de France ; en 1939, enfin, il devenait président d’honneur de la Sacem.
Lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale, Paul Valéry, qui avait reçu en 1931 le maréchal Pétain à l’Académie, s’opposa vivement à la proposition d’Abel Bonnard qui voulait que l’Académie adressât ses félicitations au chef de l’État pour sa rencontre avec Hitler à Montoire. Directeur de l’Académie en 1941, il devait par ailleurs prononcer l’éloge funèbre de Bergson, dans un discours qui fut salué par tous comme un acte de courage et de résistance. Refusant de collaborer, Paul Valéry allait perdre sous l’Occupation son poste d’administrateur du centre universitaire de Nice. Par une ironie du sort, il mourut la semaine même où s’ouvrait, dans la France libérée, le procès Pétain. Après des funérailles nationales, il fut inhumé à Sète, dans son cimetière marin.

Ce site a été réalisé par Marie-Christine Hazaël-Massieux.