Les actualités d'Ana-Li-Lit

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La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française

(1992) est accessible gratuitement sur Internet pour sa partie publiée (de A à Négaton).Avec des liens hypertexte pour consultation d’autres dictionnaires comme le Trésor de la langue française informatisé. Attention cependant : il convient impérativement d’utiliser Internet explorer comme navigateur : des tentatives effectuées à partir de Mozilla se sont révélées vaines : toutes les rubriques n’apparaissent pas - dont la rubrique de base pour la consultation !

Pour la petite histoire, notons que le Dictionnaire de l’Académie tolère "charriot" et "aout", ou plus exactement, mentionnant que ces orthographes existent les "soumet à l’épreuve du temps", tout en continuant à utiliser l’orthographe "traditionnelle". (Que ceux qui voudraient adopter la "nouvelle" orthographe songent à corriger le dictionnaire de Word : dans sa version de base, il corrige automatiquement "charriot" en "chariot" !) On ne manquera pas aussi de consulter le site de l’Académie française qui, dans sa rubrique Dictionnaire, constitue une mine d’informations.

Réalisée en collaboration avec le laboratoire ATILF du CNRS/Université Nancy 2, la version informatisée du dictionnaire a été présentée le 24 juin à Paris.

Compte rendu du colloque international : "La langue des littératures antillaise, québécoise et réunionnaise: questions autour du dialogue et de la narration." (9-10 mai 2003 à l'Université de Provence)

Journées Scientifiques Internationales organisées par l'Équipe "Créoles" du Laboratoire "Parole et Langage" (UMR 6057), Université de Provence (Aix-Marseille I) - 9 et 10 mai 2003

Jeunes chercheurs et chercheurs confirmés en linguistique et en études littéraires se sont réunis à l'Université de Provence les 9 et 10 mai 2003 pour débattre des questions du dialogue et de la narration.
Venus de France (Bordeaux, Aix-en-Provence, Montpellier, Lyon), du Québec (Montréal) et des Etats-Unis (Minnesota, Wisconsin), tous ont pu réagir à la thématique générale au regard des littératures québécoise, antillaise et réunionnaise. Les trois demi-journées étaient d'ailleurs organisées autour de ces pôles francophones, à savoir une première session consacrée en grande partie à la littérature québécoise, une deuxième session plus importante consacrée aux Antilles et enfin une dernière communication sur le théâtre réunionnais. Ce découpage "géographique" n'a cependant pas empêché des interrogations théoriques communes comme le statut de l'énonciation littéraire, la définition des genres du discours et plus particulièrement la problématique frontière des genres littéraires (récit/parole/dialogue et roman/conte /théâtre/poésie), y ajoutant la plupart du temps une mise en perspective des notion d'oralité et d'écriture.

Lors de la première matinée, Lise Gauvin (U. de Montréal) s'est interrogée sur le rôle des notes infrapaginales et des lexiques annexes, chez Réjean Ducharme et chez Patrick Chamoiseau principalement, y voyant ou non une stratégie narrative, y relevant des représentations de l'écriture et des projections de l'image des narrataires. Mathilde Dargnat (U. de Montréal et U. de Provence), quant à elle, a présenté un cas d'hybridité générique (roman/théâtre) à travers un texte de Michel Tremblay en exposant un brouillage du "feuilleté énonciatif", une confusion polyphonique entre narration et dialogue où le décrochage déictique habituel est opacifié.

L'après-midi fut consacrée plus directement à la littérature antillaise avec une communication de Marie-Christine Hazaël-Massieux (U. de Provence) qui a mis en évidence, à travers l'expérience de la traduction des textes créoles en français (et inversement), la nécessité de contrebalancer le déséquilibre diglossique créole/français pour pouvoir rendre compte de la richesse d'une langue dans une autre, notamment en ce qui concerne la représentation linguistique des différents niveaux discursifs et des différents registres d'une langue à l'œuvre dans la littérature (récit/dialogue et paroles rapportées). Stéphanie Bérard (U. du Minnesota et U. de Provence) et Dominique Chancé (U. Michel de Montaigne) se sont arrêtées sur l'œuvre de Patrick Chamoiseau, proposant pour la première une présentation de Manman Dlo et la fée Carabosse comme du "théâtre conté" et partant une réflexion sur la continuité/discontinuité générique entre art du conte et art théâtral, entre narration orale et parole écrite. La deuxième intervention avait une visée plus synthétique sur l'œuvre d'un auteur qui évolue et qui mûrit son rapport à la parole et à l'écriture, jouant plus ou moins de la "multiplicité des voix" et de "l'unicité du flux narratif", mêlant à la langue standard du lexique et une syntaxe créoles. Cette première journée s'est terminée par une intervention de Rafaël Lucas (U. Michel de Montaigne) qui s'est concentré sur l'écrivain haïtien Frankétienne (Dézafi et L'Oiseau Schizophone). Il a montré que la démarche créatrice de l'artiste était fondée sur une logique du Chaos (tant dans les formes linguistiques elles-mêmes que dans la structure textuelle générale) et ce en rapport avec le contexte politique "des années de la dictature totalitaire et sous-développante de Duvalier."

Michel Bertrand (U. de Provence) et Deborah Jenson (U. du Wisconsin-Madison) se sont partagé la troisième et dernière session du samedi matin. La première communication était consacrée au théâtre réunionnais et plus particulièrement à "l'emploi du créole dans les œuvres du Théâtre Vollard" à travers l'Ubu colonial. Parce qu'il est connoté socio-politiquement et qu'il ne dénote pas seulement une pratique linguistique réelle, l'usage du vernaculaire soulève la question du réalisme littéraire et des revendications identitaires dans la langue, c'est-à-dire le problème de "langagement" (L. Gauvin) de l'écrivain composant en créole ou en français régional. La dernière présentation, intitulée "Écrire, transcrire : L'auteur paradoxal des Idylles et chansons de 1804 et 1811", a été menée comme une analyse comparative de deux versions des Idylles et chansons, mettant ainsi en évidence des variations de plusieurs types et insistant sur la forme de ces petits poèmes qui "presque sans exception […] prennent forme de dialogue. […] Le rôle de l'interlocution et de l'interpellation [permettant] d'aborder les paradoxes des notions de l'unicité, originalité, et authenticité de la voix littéraire créole dans le contexte colonial."

C'est dans une ambiance de travail détendue et concentrée que les communications ont été données, suscitant de nombreuses questions de la part de l'assistance. La variété des sujets abordés n'a pas empêché les intervenants d'échanger le fruit de leurs travaux sur les rapports entre dialogue et narration, entre oralité et écriture, entre créole, joual et français. Les communications se répondaient en écho et offraient de nombreux points de convergence, ce qui a permis aux spécialistes de ces littératures francophones de trouver matière à discussion pour mettre en commun les résultats de leur recherche.

Stéphanie Bérard
Mathilde Dargnat

Compte rendu du colloque international : "Littérature et linguistique : diachronie et synchronie, Autour des travaux de Michèle Perret." (14 – 16 Novembre 2002 à l'Université de Savoie)

Descriptif général de la rencontre :
Cette rencontre universitaire s'est tenue à l'université de Savoie (Chambéry) les 14, 15 et 16 novembre 2002 et a été organisée par Dominique Lagorgette, Marielle Lignereux et Jean-Pierre Perrot. L'enjeu était double : d'une part, permettre un dialogue entre deux disciplines, linguistique et études littéraires et d'autre part, rendre hommage aux travaux de Michèle Perret, Professeur émérite ès Sciences du langage à l'université de Paris 10-Nanterre. Les chercheurs réunis à cette occasion, fort nombreux (45 environ), ont d'ailleurs participé pour la plupart d'entre eux au volume remis à la dédicataire, le vendredi 15 novembre lors d'une cérémonie au Conseil Général (Château des Ducs de Bourgogne) : Comme la lettre dit la vie. Mélanges offerts à Michèle Perret, éd. Dominique Lagorgette et Marielle Lignereux, n° spécial de la revue LINX (nov. 2002) qui fait suite au n° 32 de 1995.

Principaux axes de réflexion :
"Le colloque […] se propose de dresser un état des lieux en présentant à un vaste public les résultats des travaux issus de deux domaines, dans une approche résolument pluridisciplinaire", pouvait-on lire dans l'appel à communication. Et c'est en effet ce dont les différentes séances thématiques ont rendu compte puisque ces six demi-journées, chargées mais impeccablement organisées et gérées, étaient articulées autour des sujets suivants : "grammaire textuelle", "discours rapporté", "histoire de la langue", "oralité" (dans une moindre mesure), "édition et traduction des textes" et enfin "sciences humaines / littérature". Il appert que le point de ralliement principal était la notion pivot de TEXTE, les définitions servies explicitement ou implicitement renvoyant à des interrogations communes par-delà les différences de corpus et de périodes traités. En effet, bien qu'il y ait eu une dominante attendue des références en ancien et moyen français, principalement littéraires pour des raisons évidentes de sources, il a aussi été question des siècles suivants, du XVIIe au XXe avec des renvois allant de Nicolas Andry de Boisregard à Delteil, en passant par Zola, Proust, " arx, Engels et les autres" ! Il serait mal venu de résumer ce qui ne peut l'être, étant donné l'étendue du sujet et la diversité des communications, mais il semble essentiel de préciser que cette rencontre est allée bien au-delà d'un simple panorama de points de vue différents voire divergents et qu'a réellement eu lieu le dialogue annoncé entre "littéraires" et "linguistes" - la distinction n'étant d'ailleurs pas toujours de circonstance.
Pour revenir un instant sur le déroulement des séances et leur contenu, on pourrait tout à fait opérer une autre coupe que celle proposée par les intitulés de sessions. En effet, toutes les interrogations soulevées, toutes les hypothèses avancées et toutes les analyses proposées tendaient à dessiner tout autant qu'elles l'impliquaient le champ d'une théorie du texte et de son interprétation symbolique (littéraire ou non d'ailleurs).

La langue (et la science qui en traite) a été envisagée du point de vue de l'énonciation et le texte a été défini comme discours, dès le départ. C'est en ce sens qu'il faut comprendre les nombreuses références, dans le titre de certaines communications - et dans le texte de bien d'autres - à la linguistique de l'énonciation et à l'analyse du discours. Voir entre autres les communications de F. Neveu, J.-M. Adam, C. Fuchs, D. Tejedor de Felipe, M. Krazem, C. Bresoli, etc. sans oublier la séance consacrée au discours rapporté et quelques développements sur les notions de typologie textuelle, de genre littéraire et d'intertextualité (M. Burger, B. Amiri, etc.). Relativement à cette deuxième séance sur le discours rapporté, on peut aussi renvoyer, pour un rapprochement des réflexions, à la journée d'étude organisée par le groupe Ci-Dit à l'Université d'Oxford le 12 octobre 2002. Les communications seront publiées dans la revue de l'université de Cadiz, Revue Estudios de Lengua y Literatura francesas (nº 14; juin 2003) sous le titre : "Formes et stratégies du Discours Rapporté : Approche linguistique et littéraire des genres de discours". (programme du colloque : http://www.ulb.ac.be/philo/serlifra/ci-dit/seminaire.html).

La sémiotique et la stylistique ont elles aussi été invoquées et évoquées bien souvent mais plus précisément mises en avant comme fondement théorique de l'analyse proposée dans les communications de J. Wulf, R. Milenkova-Kyeng et S. Freyermuth.
On aurait pu s'attendre à une séance entière consacrée à ces deux points de vue disciplinaires que sont la sémiotique et la stylistique, compte tenu de récentes publications dont elles font l'objet : Langue française n° 135 "la stylistique entre rhétorique et linguistique", sept. 2002 (B. Combettes et E. S. Karabétian éd.) et Questions de sémiotique, Anne Hénault (dir.), Paris, Presses Universitaires de France, nov.2002. Mais il s'agit là d'une remarque très subjective plutôt que d'un réel regret.

L'autre point essentiel qui fut traité est celui de la variation linguistique et de l'importance des corpus littéraires pour son étude.
Du point de vue de la langue d'abord, en diachronie ou en synchronie, dans une dynamique historique ou sociolinguistique. Voir les communications de B. Combettes, S. Lehmann, O. Ozolina, B. Varga, P. Caron avec la notion de "chronolecte" et W. Ayres-Bennet avec un arrêt sur la langue du XVIIe.
La variation linguistique a aussi été envisagée du point de vue du texte littéraire et donc associée à des valeurs stylistiques. On renverra ici aux études de manuscrits qui rejoignent la critique littéraire génétique et les problématiques de l'édition critique (voir, entre autres, les communications de C. Pignatelli, M.-F. Lemonnier, S. Boucheron Pétillon, etc.), mais aussi aux analyses de catégories grammaticales particulières (le nom, l'adverbe, le groupe prépositionnel, etc.) dans un texte ou un corpus de textes déterminé (Tristan en prose, corpus de romans d'apprentissage, etc.). Dans certains cas, ont été présentés des corpus numérisés exploitables par des logiciels d'un point de vue documentaire et statistique (voir la communication d'E. Bourion tout particulièrement). On aurait pu attendre ici aussi un regroupement thématique plus important sur la question, aujourd'hui très pertinente, des analyses linguistiques et littéraires assistées par ordinateur, d'autant plus que de renommés spécialistes étaient de la partie… Mais à vouloir davantage d'interventions, on ne fait que regretter quelques demi-journées supplémentaires !

Interrogations lancées, réponses proposées invitant à d'autres interrogations ont finalement transformé la table ronde prévue en conclusion ouverte et pleine de promesses d'autres rencontres… espérées aussi riches que celle-ci le fut.

Références bibliographiques :

Liens :
Site du colloque
Organisation
Site du CERIC
Université de Savoie

Mathilde Dargnat
François Cheng, après son magnifique roman L'éternité n'est pas de trop publie un petit opuscule Le Dialogue, sous-titré "Une passion pour la langue française" qui mérite le détour, comme on dit dans les meilleurs guides !

"Le destin a voulu qu'à partir d'un certain moment de ma vie, je sois devenu porteur de deux langues, chinoise et française. Etait-ce tout à fait dû au destin ? A moins qu'il y entrât tout de même une part de volonté délibérée ? Toujours est-il que j'ai tenté de relever le défi en assumant, à ma manière les deux langues, jusqu'à en tirer les extrêmes conséquences. Deux langues complexes, que communément on qualifie de "grandes", chargées qu'elles sont d'histoire et de culture. Et surtout deux langues de nature si différente qu'elles creusent entre elles le plus grand écart qu'on puisse imaginer. [...]
Rien d'étonnant à ce que depuis lors, au coeur de mon aventure linguistique orientée vers l'amour pour une langue adoptée, trône un thème majeur : le dialogue..." (François Cheng, Le dialogue).

Une véritable somme à signaler à tous les passionnés de "littéraire" et à la recherche d'informations complètes sur les différents concepts ou notions que l'on peut rencontrer : Le dictionnaire du littéraire, préparé sous la direction de Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, PUF, 2002, 634 p. (55€). Indispensable.
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