Les pronoms personnels dans un extrait de Michel Tournier

Le sujet du devoir

Analysez les pronoms personnels dans le texte suivant. Peut-on établir un certain nombre de règles dans leur usage (notamment en relation avec les temps de verbe) ?.




"Tu peux la regarder, tiens, cette photo ! C'est sans doute la seule photo existant à Tabelbala. Il y avait bien celle de Mustapha qui était allé en voyage de noces à Alger. Il s'était fait photographier avec sa femme. Mais je crois bien que la photo a disparu. C'est peut-être la belle-mère qui l'a brûlée. Les vieux n'aiment pas trop les photos ici. Ils croient qu'une photo, ça porte malheur. Ils sont superstitieux, les vieux…
- Et toi, tu ne crois pas qu'une photo peut porter malheur ? demande Idriss.
- Oui et non. Mon idée, tu vois, c'est qu'une photo, il faut la tenir, la maîtriser, dit-il en faisant des deux mains le geste d'empoigner quelque chose. C'est pourquoi Mustapha n'avait rien à craindre de cette photo faite à Alger : elle était épinglée au mur. On la voyait tous les jours. C'est comme celle-là. Je la surveille, coincée dans son sous-verre. Mais tu vois, cette photo, elle a toute une histoire. Une histoire tragique. Ecoute un peu ça. Nous étions au repos dans un village près de Cassino. Il y avait un gars du service photographique de l'armée. Il m'a pris avec ces deux copains. Plusieurs sections se trouvaient ensemble au repos, et les deux gars assis avec moi appartenaient à une autre section que la mienne. Mais on se connaissait. Au repos, on se retrouvait. On rigolait ensemble. Deux jours plus tard, je rencontre le photographe. Il sort une enveloppe de sa poche, et il me la donne. Elle contenait la photo en trois exemplaires : "C'est pour toi et tes copains", il me dit. "Tu leur donneras à chacun leur photo." Je remercie et j'attends de rencontrer les deux autres. L'occasion ne se présente pas. Le surlendemain, on montait tous en ligne. C'était le 30 avril 1944. Je suis pas près d'oublier la date. On attaquait une fois de plus les Allemands retranchés dans le monastère du mont Cassin. Les Américains s'étaient déjà cassé les dents dessus au moins deux fois. C'était notre tour. Quel massacre ! Des deux côtés, Alliés et Allemands. C'est là que j'ai gagné ma croix. Tu penses que j'avais oublié les photos ! N'empêche que je les avais toujours sur moi, bien au chaud contre ma poitrine, un détail important. La semaine suivante, on était de nouveau au repos. Je vais voir à la section de mes deux copains. Cette section avait salement trinqué. Eh bien, après des recherches, j'ai fini par apprendre qu'ils avaient été tués tous les deux…"

(Michel Tournier, La goutte d'or, Folio, pp. 54-55)

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